En République Centrafricaine, l’annonce d’un dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition soulève des interrogations qui dépassent les simples mots échangés. Le 4 avril dernier, une manifestation autorisée par le gouvernement, menée par le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), a marqué un tournant dans les relations entre le pouvoir et ses adversaires politiques. À première vue, cette autorisation semblait un geste d’ouverture du président Faustin-Archange Touadéra, mais c’est ce lundi que son ministre-conseiller spécial, Fidèle Gouandjika, a officialisé l’engagement du gouvernement à entamer ce dialogue avant les élections de décembre 2025. Cependant, derrière ce geste se cache-t-il une véritable volonté de réconciliation ou un plan politique bien plus subtil ?
Le dialogue, que Gouandjika a promis, ne se limiterait pas à une simple conversation, mais pourrait aborder des enjeux cruciaux pour le pays, tels que la réforme constitutionnelle, la transparence électorale et la stabilité politique. Cependant, des questions cruciales restent en suspens : qui exactement sera invité à la table des négociations et quels sujets seront réellement abordés ? À cette étape, l’opinion publique centrafricaine et la communauté internationale s’interrogent sur la sincérité du pouvoir en place. Faut-il voir dans cette démarche une véritable ouverture démocratique ou une manœuvre calculée pour neutraliser l’opposition avant les élections ?
Le contexte international dans lequel s’inscrit ce dialogue ne fait qu’alimenter la polémique. En effet, la Centrafrique se trouve aujourd’hui sous la pression de multiples puissances étrangères, chacune cherchant à influer sur les affaires internes du pays. Le gouvernement, bien qu’ayant réussi à maintenir une position de neutralité vis-à-vis de la Russie, de la Chine ou des États-Unis, doit maintenant composer avec des intérêts extérieurs qui compliquent encore sa gestion politique. Si, selon Gouandjika, Touadéra reste ferme sur la préservation de la souveraineté nationale, il est impossible de ne pas voir que les relations extérieures ont un impact majeur sur l’agenda politique du pays. Le président, d’ailleurs, a été catégorique : « Nous avons les yeux ouverts. La France, comme d’autres puissances, n’a pas le droit de penser qu’elle peut corrompre le président Touadéra. »
Ce dialogue annoncé pourrait en effet représenter un tournant historique pour la République Centrafricaine. Mais loin d’être une simple opportunité de réconciliation nationale, il soulève une série de questions sur l’intégrité du processus. La réussite de ce dialogue ne dépendra pas uniquement de la bonne volonté des partis politiques à se réunir autour de la table, mais également de la capacité de l’État à garantir une véritable transparence et sécurité dans le processus. Il semble clair que le président Touadéra a plus d’un tour dans son sac, et que le véritable enjeu de ce dialogue pourrait être de consolider son pouvoir tout en mettant l’opposition sur la défensive.
Alors, trahison ou stratégie politique ? Les mois à venir nous le diront, mais une chose est sûre : le véritable plan de Touadéra est bien plus complexe qu’il n’y paraît.