Le feuilleton judiciaire de la présidentielle ivoirienne a pris un nouveau tournant ce mardi, avec l’annonce de la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale. La justice a estimé que l’acquisition de la nationalité française par l’opposant en 1987 avait entraîné la perte de sa nationalité ivoirienne, ce qui le rend inéligible pour la présidentielle prévue dans six mois. Cette décision a été confirmée par son avocat, Me Ange Rodrigue Dadjé, et marque un revers majeur pour le leader du PDCI-RDA.

Une décision contestée et perçue comme injuste

Loin de se résigner, Tidjane Thiam a immédiatement réagi dans un communiqué en qualifiant cette décision de « déni de justice indigne d’une démocratie ». Pour lui, cette radiation est non seulement injustifiée, mais aussi incompréhensible. Il a exprimé sa détermination à ne pas accepter cette décision, dénonçant une « manœuvre orchestrée » par le pouvoir en place pour l’écarter du jeu politique. « Je n’accepterai pas cette radiation, elle est injuste et incompréhensible », a-t-il ajouté lors d’une déclaration plus tard dans la soirée.

L’opposant a également appelé la communauté internationale à se mobiliser en faveur d’élections « libres et équitables », soulignant que cette situation crée un environnement dangereux pour la Côte d’Ivoire. « La conjonction de tous ces éléments crée un climat potentiellement dangereux pour notre pays », a-t-il insisté.

Une décision polémique et des doutes sur la légitimité du pouvoir

Cette décision fait suite à une série d’événements qui alimentent la contestation autour du pouvoir en place. Depuis plusieurs semaines, l’entourage de Tidjane Thiam évoque des tentatives de manipulation et des « manœuvres » visant à l’écarter du processus électoral. Le leader du PDCI-RDA n’est pas le seul à se retrouver radié de la liste électorale. D’autres figures de l’opposition, telles que Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, ont également été écartées, exacerbant ainsi les tensions politiques dans le pays.

Pour Tidjane Thiam, cette décision n’est que le dernier acte d’une série de tentatives visant à éliminer son rival le plus sérieux. « Ce n’est ni juste, ni légitime, ni acceptable », a-t-il martelé. Il a également dénoncé la composition du tribunal qui a prononcé sa radiation, soulignant que les juges étaient nommés par le pouvoir en place. Une situation qui alimente les doutes sur la neutralité de la justice ivoirienne et sur la légitimité du régime d’Alassane Ouattara, qui est déjà dans un troisième mandat controversé.

Un soutien massif de la base et des résultats de sondage flatteurs

Malgré cette décision judiciaire, Tidjane Thiam conserve un fort soutien au sein de son parti, le PDCI, et au-delà. Lors du renouvellement de sa présidence du PDCI en décembre 2023, il avait obtenu un score impressionnant de 96 % des voix, et récemment, à 99,5 %, il a été désigné candidat à l’élection présidentielle. Ces résultats ont été confirmés par un sondage réalisé par une organisation internationale de renom, qui place Thiam en tête des intentions de vote. Selon les résultats de ce sondage, il devance largement ses rivaux, y compris l’ancien président Laurent Gbagbo.

Dans un face-à-face hypothétique avec Alassane Ouattara, Thiam remporterait le second tour avec 57 % des voix contre 41 %, un écart significatif de plus de 15 points. Ces résultats témoignent de la popularité de l’opposant et de la confiance de la population dans sa capacité à conduire le pays.

Une nation à la croisée des chemins

La situation politique actuelle soulève de sérieuses inquiétudes pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Alors que le pays se prépare pour une élection cruciale, la légitimité du processus est de plus en plus remise en question, notamment en raison des manœuvres politiques et des tensions au sein de l’opposition. « Notre pays a connu trop de crises post-électorales, et je crains qu’une nouvelle crise ne se profile », a averti Tidjane Thiam, appelant à la paix et au respect des règles démocratiques.

Il a également souligné l’importance de la dignité nationale, citant le président Félix Houphouët-Boigny : « Permettre aux Ivoiriens de choisir librement leur dirigeant est une question de dignité. » Un message clair, porteur d’espoir pour ses partisans, mais aussi de défiance envers un pouvoir qu’il juge prêt à tout pour conserver le contrôle politique.

Perspectives : un combat pour la justice et la démocratie

Malgré cette radiation, Tidjane Thiam reste résolu à poursuivre son combat pour une Côte d’Ivoire démocratique. « Je suis déterminé à me battre pour que les Ivoiriens puissent choisir librement leur président », a-t-il déclaré, réaffirmant son engagement en faveur d’une alternance pacifique. Son message à la population ivoirienne est clair : « Le PDCI est uni derrière moi. Il n’y a pas de plan B, ni de plan C. Le candidat du PDCI, c’est celui que le parti a désigné démocratiquement. »

Les mois à venir s’annoncent décisifs pour la Côte d’Ivoire. L’issue de cette crise judiciaire pourrait bien déterminer l’avenir politique du pays, et la mobilisation populaire pourrait jouer un rôle clé dans la défense de la démocratie et du droit à des élections libres et transparentes.

Yanick SIDIBÉ Kouamé, Correspond L’Info du Continent depuis Abidjan 

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