nomadisme politique, désormais passible de sanctions sévères
Dissolution des partis, fin de l’opposition,100 millions pour créer un parti, 250 millions pour être candidat
C’est une véritable refondation de la scène politique malienne qui se dessine à l’issue de la Phase nationale de la consultation des forces vives de la nation, organisée du 28 au 29 Avril 2025 au Centre international de Conférence de Bamako (CICB). Au cœur des recommandations issues de ces concertations : la dissolution de tous les partis politiques, et l’élévation du Général d’Armée Assimi Goïta au rang de Président de la République pour un mandat renouvelable de cinq ans.
La salle de mille places du CICB a été prise d’assaut par une foule nombreuse composée de représentants des forces vives du pays et des Maliens de la diaspora. Cette assemblée inédite, présidée par le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, assisté d’une forte délégation gouvernementale, s’inscrivait dans la dynamique des réformes post-constitutionnelles et des Assises nationales de la refondation (ANR).
Une rupture assumée avec le modèle politique hérité du multipartisme
Au terme de deux jours de travaux, structurés autour de trois thématiques majeures, les participants ont proposé des mesures de rupture radicale avec le système multipartiste actuel, jugé inefficace et instable.
Parmi les recommandations phares :
- La dissolution pure et simple de tous les partis politiques existants ;
- La fixation d’une caution de 100 millions de FCFA pour la création d’un nouveau parti ;
- L’exigence de représentations régionales significatives pour tout regroupement politique ;
- L’interdiction du financement public des partis politiques ;
- L’interdiction du nomadisme politique, désormais passible de sanctions sévères.
Ces propositions traduisent une volonté manifeste de rationaliser l’espace politique, accusé d’avoir été gangrené par l’anarchie, les calculs partisans et les alliances contre nature.
Le Général Goïta appelé à conduire une Transition prolongée
Mais c’est surtout l’appel unanime à l’élévation du Général Assimi Goïta au rang de Président de la République, pour un mandat renouvelable de cinq ans, qui marque un tournant décisif. Cette proposition consacre de facto le militaire comme pilier de la refondation malienne, dans la lignée de ses homologues de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Les forces vives recommandent également :
- La suspension de toutes les élections jusqu’à la pacification complète du pays ;
- Le maintien des organes de transition actuels ;
- Un audit indépendant du fichier électoral ;
- La mise en place d’un scrutin présidentiel à un seul tour, avec une caution fixée à 250 millions de FCFA pour tout candidat.
Une nouvelle ère politique en gestation
Dans son allocution de clôture, le Premier ministre a promis de transmettre fidèlement ces recommandations au Chef de l’État, soulignant qu’elles constituent « des propositions claires permettant au pays d’avancer et de tourner les pages obscures de son histoire ».
Derrière le langage institutionnel, c’est une nouvelle ère politique, centralisée, plus contrôlée et profondément nationaliste, qui semble se dessiner pour le Mali. Un tournant qui suscite à la fois espoirs de stabilité et interrogations sur la place de la démocratie dans ce nouveau paradigme.
Souleymane Diawara, correspondant de l’Info du Continent Mali